15 maiA la marge 2/5 - Nouvelles de demainI’m a lonesome poor boyEt very loin de ma maisonI am not so very joyEt blindé comme un camionJe marche seulRien à becqu’terLe monde est veuleJ’crois qu’vais chialerLe blues c’est conPersonne ne m’aimeMême rengainePas de pognonJ’étais là sur le trottoir à râler ma scie, frappant sur ma guitare, j’sais pas en jouer… Une vieille dame bien mise avec un vrai renard sur les épaules et un chapeau rigolo m’a écouté, et a refilé cinquante euros dans ma boîte de petits pois. "Continue petit" elle m’a dit et elle est partie, laissant un sillage de violette derrière elle. J’ai vite planqué le bifton et j’ai continué à jouer comme si de rien n’était.Le soir même je fêtais ça. Je me rendis dans une Taverne de maître Kanter. Le portier fit la gueule en voyant ma tenue quelque peu délabrée, je lui filai deux euros, il ne pipa mot et m’indiqua du bras la table du fond, sous l’escalier. Huîtres, choucroute royale, riesling, île flottante. Peu habitué à tant de libations je rendis tout sur le trottoir.Il pleuvait. Le macadam fut vite rincé et je m’abritai sous un porche où je comptais passer la nuit. Bien m’en prit de manger tel un verrat, car de mes biftons rien ne resta. Je pris la route en me disant que le mec qui m’avait allégé avait faim, aussi, même si une petite voix me soufflait que c’était peut-être pour picoler qu’il m’avait soulagé. Quand bien même, si ça le soulageait de ses tracas.J’étais, à l’époque, un optimiste forcené, mais je décidai de noircir le trait de mes chansons pour faire chialer le bourgeois.Je suis seul, désespéréJ’ai pu rien à boufferJ’veux trouver une rime richeMais pour ça faut qu’je tricheSoloJe m’esquichais avec deux doigts sur ma gratte mal accordée, je n’étais pas encore Personne… Mais pas grand’chose tout de même…J’veux partir j’veux mourirSociété tu m’auras pasAvant mon dernier repasJe s’rai loin et tu vas rireSoloJ’y mets tant de cœur que je pète une corde avant qu’un quarantenaire en costume me jette dédaigneusement vingt centimes.Je pose la guitare, me lève d’un bond le poursuis, lui rend la pièce.- Désolé, monsieur, je ne prends que les chèques…On a sa fierté…A suivre... demain !
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