La grande bouffe contre le grand videDimanche journée morte dehors la pluie frappe au carreau. J’attends les mains tremblantes qu’il se passe quelque chose. J’attends l’heure, l’heure où il doit se passer quelque chose, l’heure de la bouffe. Dix-huit heures, je plonge dans le frigo. Je commence doucement, je sors une assiette de carottes râpées aillées et arrosées de jus de citron. Je réfrène ma main qui allait se jeter comme un milan sur les malheureux légumes. Prendre le temps de s’asseoir. Je nettoie d’un bout de pain l’assiette jusqu’à ce qu’il n’y ait plus trace de ce colorant naturel qu’est le carotène. Ça m’a ouvert l’appétit, je bondis sur un méchant triangle de camembert rescapé d’une précédente orgie et l’avale sans hésiter. Une boîte de sardine à l’huile, le temps de l’ouvrir cela me calmera. Un peu. Je saisis le premier poisson dégoulinant d’huile et le porte à ma bouche, accompagné d’un jet de graisse qui honore la porte du frigo mon pull et le lino. Un bout de pain, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus trace d’huile. J’ouvre à nouveau la porte, la tranche de rôti qui restait là , elle ne sait pourquoi, n’aura pas le temps de réfléchir à la réponse, je l’enfourne sans que ma tête ne sorte du frigo, je pousse avec une feuille de salade nature, le yaourt tremble déjà …
5 janvier
5 janvier / La grande bouffe contre le grand vide
mardi 5 janvier 2010, par